« I am a monster, I cannot change that. It's my destiny. But I want to ask you a question. One single question. Why me ? »

I don't know who I am anymore.. Help me..

    Étoile d'Obsidienne marchait, la tête baissée, le pelage trempée par une pluie poisseuse et les yeux éteints. Il marchait, et priait pour qu'un monstre l'écrase. Il avait échoué. Sur toute la ligne. Comment avait-il pu croire un seul instant avoir la possibilité de changer, de devenir un chef exemplaire et de ne plus se laisser aller à ces élans sanguinaires ? Il était si naïf, si.. Stupide. C'était arrivé. Encore. Il avait tué.

    C'était une belle chatte crème, aux beaux yeux rieurs et envoûtants. Couleur mer.  Elle s'esclaffait allègrement avec un autre chat, son compagnon, sans doute, un beau mâle tigré. Et cette vue lui avait tellement rappelé sa belle Larme du Passé. Si douce, si belle, si calme. Magnifique même dans la tempête, la douleur et les larmes. Elle était tout ce qui lui restait. Elle seule l'aimait, elle seule pouvait le comprendre. Et lorsque elle frottait sa belle tête triangulaire contre lui, c'était comme une décharge. C'était bon, si bon. Un sentiment qui écrasait tout, même sa folie. Et puis elle était tombée enceinte. Quelle désespoir, quelle rage. Incompréhension, aussi. Mais il y avait cette amour. Ce lien unique qui lui permettait de ne pas se laisser aller. Enfin, ça s'était terminé. Aussi vite que cela avait commencé. Elle était morte. Morte. M-o-r-t-e. Décédée. Il était de nouveau seul, mais il essayait de rester calme. Mais la vue de ce couple l'avait mis hors de lui. Cette vision avait piétiné son cœur, et il s'était élancé. Eux aussi, ils étaient morts maintenant.

    Autre échec, Nuage de Tortue. Il pensait vraiment pouvoir se distraire de cette tragédie avec cet apprenti. Il était capable de grandes choses, il devait juste s'entraîner, s'ouvrir un peu. On l'avait retrouvé mort sous les Trois Chênes. Le meneur n'avait montré aucune réaction, juste cette froideur horrible, cette indifférence feinte. Mais ensuite, il était rentré dans son Antre, et il avait explosé. Littéralement.

    Donc il marchait, las. Las de cette vie, de cette folie qui le hantait à jamais. Il marchait sous la pluie poisseuse, qui, au lieu de laver sa tristesse, la transformait en désespoir. Puis en rage. Il voulait mourir. Il n'en pouvait plus.

Fiche par Sánsa ; sur Never-Utopia

I want to ask you a question... Why me?

Il pleut. Je hais la pluie. Surtout en mauvaise saison. Pourtant, aujourd'hui, il faut que je sorte. Poisse. J'ai horreur de ça. Je vais devoir prendre un temps fou pour me toiletter. Je sors du camp, telle une ombre, rapidement. Pour ne pas être trop mouillée, malgré le périple que j'ai à faire, mais aussi pour ne pas être vue. En ce moment, j'en ai plus que marre. Ils viennent tous me voir à cause de l'épidémie. J'en ai marre de devoir dire "Tout va bien, ce n'est rien, ça va bien se passer, courage." Pathétique. Et ce, juste pour qu'ils arrêtent d'aller et venir dans ma tanière et de me freiner. J'espère que je trouverais l'herbe à chat dont j'ai besoin, à cette période, il en reste peu. Sinon, je devrai traiter les symptômes, en priant le Clan des Félins Révolus pour que ça aille.

Je vois l'ombre de la ville se profiler devant moi. Image sinistre en ce temps. Et cette pluie qui n'arrête pas. Je pense alors à ma sœur. J'espère qu'elle est à l'abri. Elle a une peur bleue de l'eau, mais sous forme de pluie. Elle peut le supporter, mais après, elle se toilette pendant des heures à cause du stress. Je suis sûre qu'elle va bien. Le Clan du Feu prend soin d'elle. Il la protégera. Elle était faite pour aller là-bas. Le destin est si étrange par moments. Mais si elle était restée avec moi, elle serait devenue folle et aurait tenté d'en finir. Non, non, non, ce n'est pas possible. Je soupire. Elle est bien là où elle est, même si nous sommes séparées.

Je suis dans la ville, désormais. Mais immobile. Pourquoi, alors que je me presse pour être la moins mouillée possible? Simplement parce que l'ombre d'un chat se trouve devant moi, et pas celle d'un chat domestique, cela se remarque de loin. L'odeur mouillée du Clan de la Terre me parvient à la truffe. Mieux, même, celle du chef. Visiblement, il passe une mauvaise journée. Marcher en plein milieu du Chemin du Tonnerre, comme ça. Il veut qu'un monstre le tue ou quoi? Je le hèle, mais d'aussi loin avec la pluie, impossible que l'on m'entende, moi-même je me suis à peine entendue. Je décide alors de piquer un petit sprint en l'honneur de mon passé de guerrière, et surtout, pour le rattraper. Lui, il avait besoin d'aide, là maintenant tout de suite, et ce n'était certainement pas pour savoir si son apprenti allait mieux et pourrait reprendre l'entraînement le lendemain. Or, je suis guérisseuse, j'ai l'expérience de la malchance, j'ai vécu guerrière, en bref, je suis la personne parfaite pour l'écouter.

- Étoile d'Obsidienne, qu'est-ce que tu fais ici, par un temps pareil?

Je suis nulle pour engager une conversation. Mais autant aller de façon assez directe, ce n'est pas le moment de chercher les formes. S'il pouvait au moins me répondre, ça serait un bon début.

HRP:

© Codage by Ella' for Night <3

« I am a monster, I cannot change that. It's my destiny. But I want to ask you a question. One single question. Why me ? »

I don't know who I am anymore.. Help me..

"- Étoile d'Obsidienne, qu'est-ce que tu fais ici, par un temps pareil ?"

    Hein ? Qui parle ? Qui est là ? Il n'y a rien. Pas de couleurs, ni de formes, seulement des ombres. Tout est flou au milieu de la pluie. L'eau noie les pensées et la vision, adoucit la folie et renforce la tristesse. Le liquide poisseux trempe les pelages, coule des moustaches et rentre dans les oreilles. Il dérange, et pourtant on le repousse pas. Parce que c'est agréable. Agréable de se perdre dans l’indistinct et le surréel. On se noie, mais pas comme dans une rivière. C'est plus fort. On se noie de partout. De l'intérieur et de l'extérieur. De l'esprit et du corps. C'est une petite mort, une douce et tendre petite mort.

    Étoile d'Obsidienne relève la tête. Ses yeux couleur ambre sont ternes, son pelage est collé à son corps, autrefois si beau et puissant, mais si pitoyable sous cette pluie. Ses moustaches sont baissées et dégoulinent d'eau. Sa queue traîne par terre et il avance difficilement. Sa respiration est rauque, comme un Ancien malade. Qu'est-ce qu'il aimerait mourir ! Là, maintenant, tout de suite. Il ne répond pas à Plume de Noisette, dont il devine l'odeur tout près de lui. Qu'elle aille voir ailleurs. Il continue à avancer péniblement, puis s'écroule sur le Chemin du Tonnerre. Pitié. Un Monstre, un renard, n'importe quoi. Pitié. Une larme coule. Pure et cristalline. Elle se confond dans la pluie, se mêle à l'eau qui trempe son pelage. Tout est silencieux. Il ferme les yeux. Il ne sent rien, ne voit rien. Il est aveugle.

    Pourtant, lorsque le Monstre surgit, il l'entend. Lorsqu'il ouvre les yeux, il le voit. Lorsqu'il l'a vu et identifié, il sourit. Il est difficilement visible sur le Chemin du Tonnerre noir, écrasé par la pluie. Il prie pour que ça passe. Vite et d'un coup. Il prie pour qu'elle ne le retienne pas. Alors, il ferme doucement les yeux, se ratatine, et attends.

Enfin.. pense-t-il avec un grand sourire.

Fiche par Sánsa ; sur Never-Utopia